le fou et la poule

Chaque fois que le sujet perd radicalement la parole parce qu’il ne peut pas dire « non » à cet impératif absolu — auquel il ne choisit pas, pour autant, de dire « oui » —, il a affaire à ce premier surmoi qui, nous le verrons, n’est pas identifiable à la censure.

Voici l’histoire : un fou qui se prend pour un grain de blé, se trouvant guéri, sort du service où il était hospitalisé ; à la sortie de l’hôpital, rencontrant une poule, il fait demi-tour, terrifié, et demande à son psychiatre de le réinterner. Question du psychiatre, étonné : « Je ne comprends pas, il y a cinq minutes, vous étiez guéri, vous saviez que vous n’étiez plus un grain de blé… » Réponse du fou : « Oui, moi je le sais, mais elle, est-ce qu’elle le sait ? »

A. Didier-Weill, Les Trois Temps de la loi, 2008